Ouvrir à de nouveaux récits individuels et collectifs

La saison 23~24 de La Rampe-La Ponatière s’annonce très riche en découvertes esthétiques et sensibles, avec cette même ambition tournée vers l’excellence artistique pour tous-tes.


Avec la musique, la danse, le corps en mouvement, qui sont au cœur de l’identité de cette programmation, les arts pluriels se mêlent et dialoguent. Théâtre, marionnettes, disciplines circassiennes seront de la partie pour ouvrir des caps vers l’imaginaire, le rêve, et l’émerveillement dont nous ressentons tant l’urgence… Avec des sujets forts, des fables écologiques et sociales, des thématiques sur l’égalité et les discriminations… et toujours ce petit pas de côté et cette mise à distance si nécessaires qu’apportent la poésie, l’humour, la drôlerie, la dérision et pourquoi pas, un peu de transgression.

Les créateurs, les artistes, nous permettront d’ouvrir une parenthèse dans le tumulte de notre quotidien, et peut-être de créer de nouveaux récits individuels et collectifs pour agir dans un monde parfois bien déconcertant mais où l’envie de partager, de faire société et de nous ré-enchanter demeure essentielle.

Pour toutes ces raisons, la ville d’Échirolles est fière de posséder un équipement tel que la Rampe-La Ponatière. En accueillant un public toujours nombreux, d’Échirolles ou d’ailleurs, notre ville de périphérie réaffirme son engagement de donner corps à une politique culturelle accessible au plus grand nombre.


Elle tient également à remercier tous les partenaires, ainsi que l’ensemble des employé-es et le conseil d’administration de la RéPAC pour leur gestion et cette programmation une nouvelle fois remarquable à bien des égards.

Place donc aux échanges et au partage, et belle saison 23~24 !

RENZO SULLI
Maire d’Échirolles
Vice-président de Grenoble-Alpes Métropole

Les petits mots des artistes associés

Pour les deux prochaines saisons, La Rampe-La Ponatière a choisi d’accompagner trois équipes artistiques sur des temps de construction différents.

Voir Loin.

Même si je travaille sur les élans joyeux, j’ai eu cette année la sensation d’être face à un mur.

De ne pas voir plus loin que le bout de mon nez (malgré sa longueur). Car inventer, imaginer, c’est beau, mais créer dans un contexte si fragile n’est pas toujours une mince affaire.

Cette année, et notamment grâce à l’équipe de La Rampe, la Cie Aniki Vóvó, dont je suis la directrice artistique, peut voir plus loin.

Avec un peu plus de confort, la compagnie peut se projeter sur les deux années à venir, faire fourmiller son imagination, et chercher dans ses élans vitaux les possibilités de vous offrir et de partager avec vous des instants dans lesquels la place du cœur est primordiale.

En novembre, nous allons peaufiner le spectacle Des Oiseaux à La Rampe, et y jouer notre première régionale.

Nous avons hâte de partager avec vous ce moment si spécial qu’est la naissance d’un spectacle et de vous retrouver en mai à l’occasion de La Rampe Parade.
Au plaisir de vous y voir !

JOANA SCHWEIZER
Cie Aniki Vóvó

Je souhaite penser cette immersion artistique sous le signe du lien entre les individus : faire danser les habitants et leur territoire. Mettre en contact les gens entre eux. Faire apparaître ce lien fondamental entre le corps et le sensible.

Pour faire exister ces architectures invisibles, je développe une danse du contact.

C’est ainsi que j’ai imaginé la pièce Tout ce fracas autour du corps empêché, fruit de cinq années de recherche Culture & Santé. C’est un quatuor pour trois danseuses, dont Magali Saby qui est porteuse d’un handicap et le musicien Stracho Temelkovski.

Échirolles est un terrain de jeu de choix pour continuer mes recherches en immersion. C’est déjà le cas dans les centres sociaux avec le projet « Laissez-moi danser », les écoles avec une résidence immersion pour la future création Gagnés par la Nuit, les hôpitaux avec un projet que nous portons à l’hôpital Sud.

Ce seront pour moi des zones artistiques sensibles et j’ai hâte d’aller à leur rencontre.

SYLVÈRE LAMOTTE
Compagnie Lamento

L’association de la Compagnie épiderme avec La Rampe-La Ponatière nous ravit à plus d’un titre. 

D’une part c’est le retour d’un partenariat avec un lieu et un public qui nous sont chers, ayant déjà eu la joie d’y résider durant quatre saisons consécutives, de 2011 à 2015. 

D’autre part c’est une occasion de vous présenter cette saison Espace pudique (& angles morts), un solo chorégraphique, une sorte de « journal d’un corps dansant » créé pendant les turpitudes de la crise sanitaire, reporté plusieurs fois de confinement en confinement, et qui a malheureusement trop peu rencontré le public. 

Et enfin, cette association sera, pendant la saison 24~25, l’opportunité de créer TABULA, un duo jeune public danse-musique pour tout petits, avec des rencontres artistiques et pédagogiques en crèches, à Échirolles et dans le Trièves, et sur le plateau de La Rampe. 

NICOLAS HUBERT
Compagnie épiderme

N’éteignez pas …

Vous venez ce soir au théâtre… Soucieux ou détendus, fatigués même, vous y apportez la mémoire de votre journée, celle des proches que vous avez quittés, le dernier coup de fil que vous avez passé avant d’entrer dans la salle, des souvenirs plus anciens, votre vie tout entière peut-être…


Les acteurs, danseurs, musiciens que vous allez rencontrer eux aussi ne sont pas venus seuls ; ils sont riches des représentations passées, des projets d’avenir, comme vous remplis de bribes disparates de leur vie. Il en est de même de tous les gens dans l’ombre qui permettent que le rideau s’ouvre, les équipes permanentes du théâtre, les intermittents techniques… Et c’est chaque fois un miracle. Fragile, ne l’oublions pas…. N’éteignez pas les lumières !


Ce soir la représentation, unique comme chaque représentation, sera riche de toutes ces absences-présences : « Qu’est-ce qu’elle raconte votre pièce ? Elle raconte la ville, ce théâtre. C’est tout…  On ne va pas vous raconter une histoire. Il y a des centaines de personnages, mais aucune histoire, juste des relations, toutes sortes de relations ». Comment dire mieux que François Cervantes que nous accueillerons avec Le Cabaret des absents ?

Mais si le théâtre est fait d’absences, de fantômes rendus à la vie, il le fait sans langueur, sans nostalgie. Bien au contraire, les corps y sont engagés, soulevés, révoltés parfois par une énergie qui, du plateau, grimpe en haut des gradins. Le spectacle vivant C la vie comme l’affirme le titre de la dernière création de Serge Aimé Coulibaly ; une célébration aventureuse et critique de la vie, un débordement d’énergie qui réunit la force libératrice du carnaval et le rituel transgressif du Wara, qui balaie allègrement tous les obstacles et bouscule règles et hiérarchies établies. Cette célébration peut se faire aussi à travers les corps souffrants, fracturés, comme dans Tout ce fracas qui met en scène la beauté et la « puissance d’agir » des corps, même empêchés.


La danse peut ainsi résonner avec les limites de chacun d’entre nous pourvu que nous nous autorisions à rêver et, par le rêve éveillé, dépasser nos limites. Le spectacle peut nous y aider, nous aider à sortir de nous-même, retrouver l’énergie et la liberté du vol Des Oiseaux avec la danse de Joana Schweizer.

Alors n’éteignez pas les lumières sur le spectacle vivant…*

JOSÉFA GALLARDO
Directrice

* Titre d’une pétition adressée au gouvernement à l’initiative du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles, www.leslignesbougent.org/petitions/neteignez-pas-les-lumieres-sur-le-spectacle-vivant-11553/